La pierre semi-précieuse qu’est la chrysoprase a commencé de tracer son chemin dans l’histoire humaine il y a de cela de nombreux siècles. Déjà présente dans les civilisations antiques de Grèce, de Rome ou d’Égypte, elle était utilisée comme ingrédient dans la fabrication de sceaux, de bijoux et de bien d’autres objets. Les peuples de ces temps semblaient déjà sensibles à son magnétisme autant qu’ils étaient charmés par son apparence.
C’est au travers de multiples œuvres littéraires historiques que l’on a pu remonter l’arbre généalogique de son utilisation. Ainsi, la chrysoprase est citée dans l’Apocalypse, le dernier livre du Nouveau Testament de la Bible, où elle trouve sa place dans les fondations des murailles de la Nouvelle Jérusalem. Pline l’Ancien, naturaliste romain du Ier siècle de notre ère, la nomme également dans son « Histoire Naturelle », monumentale encyclopédie qui regroupait tout le savoir de sa culture.
La chrysoprase a su traverser le temps et emmener avec elle les légendes qui l’entouraient jusqu’à nos jours. La plus célèbre d’entre elles est certainement celle d’Alexandre le Grand, cet immense roi de Macédoine qui s’est forgé une gloire digne des plus grands conquérants de l’Histoire. Albertus Magnus, l’évêque allemand qui nous conte ce récit, évoque que le roi avait toujours une gemme de chrysoprase à la ceinture lorsqu’il se rendait sur le champ de bataille, convaincu des capacités intellectuelles qu’exaltaient le minéral. Cependant, il voulut un jour traverser une rivière ; alors, un serpent surgit de nulle part et s’attaqua à la selle sur laquelle était juché Alexandre le Grand. La pierre vénérée du roi tomba à l’eau et fut perdue à jamais, malgré d’intensives recherches pour la retrouver. Le roi fut alors frappé de la foudre de la malédiction suite à cet incident, et il ne remporta plus la moindre victoire militaire.
Cette histoire contribua certainement à construire les légendes liées à la pierre qui suivirent. Au Moyen-Âge, il se racontait que placer une pierre de chrysoprase dans sa bouche permettait de devenir invisible. D’autres croyaient que si ses couleurs se flétrissaient, c’était qu’un poison se trouvait à proximité. D’autres encore affirmaient qu’elle pouvait apaiser certains mal-êtres comme la goutte.
Au siècle des Lumières, le roi Frédéric II de Prusse exigeait que l’ensemble des décorations de son palais, ainsi que certaines pièces de mobilier, soient en partie constituées de chrysoprase. Le minéral s’est même fait une place à l’époque victorienne, ère du zénith de la révolution industrielle britannique, en étant exploitée dans le secteur de la bijouterie au travers de perles ou de camées. C’est dire si cette pierre a laissé une glorieuse image d’elle-même dans le sillage de son histoire.
D’une forme fibreuse de quartz, cette variété de calcédoine qu’est la chrysoprase est la plus onéreuse du marché à cause de sa rareté. Cependant, l’Australie peut se vanter d’en posséder de magnifiques gisements ; ceux-ci sont d’ailleurs si riches que le plus gros spécimen de ce minéral jamais découvert, extrait d’un petit village d’un millier d’habitants au sud de Sydney appelé Coolamon, pesait 16 4000 kilogrammes.
Mais rien ni personne ne semble s’accorder sur la réelle origine de la chrysoprase. Si l’explorateur hollandais du XIVe siècle Jean de Mandeville affirmait qu’elle proviendrait d’Inde, son étymologie semble prouver le contraire. En effet, le mot chrysoprase vient du grec chrysos et prason, deux termes signifiant respectivement doré et poireau – un nom qui, s’il ne rappelle pas particulièrement la forme du minéral, peut en revanche référer à son éclat luisant. Cette gemme est également parfois appelée pierre de Vénus.
Quoi qu’il en soit, si l’Homme ne s’est toujours pas accordé sur l’origine de la pierre, il est en revanche unanime depuis de nombreux siècles concernant son utilisation. En effet, au XIXe siècle comme aujourd’hui, cette gemme trouve majoritairement sa place dans le monde de la bijouterie, ornementant des pendentifs, des bracelets, des colliers … Un fait qui est permis par la souplesse de la chrysoprase concernant sa taille : on la trouve ainsi à la fois sous forme de cabochons, d’intailles ou même de perles.
Si Alexandre le Grand ne partait jamais à la guerre sans une pierre chrysoprase sur lui, c’était bien pour bénéficier de la capacité du minéral à rendre l’esprit de son porteur plus clair et plus lucide face à une situation absconse. Cette gemme génère une prise de recul qui permet d’analyser le phénomène auquel on est confronté avec une objectivité nouvelle, pour mieux parvenir à le faire tourner à son avantage. Chez l’antique roi de Macédoine, cela se traduisait par bon nombre de victoires militaires ; et ce grâce à cette clairvoyance qu’offre la chrysoprase.
Cette faculté de remise en question agit de façon cyclique: le porteur traverse des moments de repli sur soi, des phases profondes de renouvellement de son opinion, avant de se diriger vers une nouvelle case départ, l’aube d’une régénération. Cette constante alternance permet de toujours chercher les moyens de trouver des réponses à ses nouveaux objectifs, de se revaloriser en vue de futurs horizons. En outre, les nouvelles perspectives qu’elle dessine dans ce cycle se traduisent souvent par une bouffée d’inspiration et de créativité.
En somme, cette gemme permet de se renouveler pour ne jamais avoir à s’embourber dans ses acquis, pour savoir faire face à l’inconnu.
La pierre chrysoprase est également un médiateur de libération : elle débarrasse l’esprit de chaque obstacle qui pourrait se dresser sur le chemin de son épanouissement intérieur. Ainsi, elle tempère les ardeurs, rejette les émotions négatives comme la jalousie ou la colère, et se comporte comme une canalisatrice des émotions douces. C’est le minerai par excellence du chakra du cœur, ce qui explique sans doute pourquoi beaucoup la surnomment « pierre de l’amour maternel ».
En plus d’agir comme une caisse de résonance de la bonté qu’elle sauve des flots tumultueux d’un esprit agité, elle apaise celles et ceux atteints de manque d’aplomb en leur insufflant une vague nouvelle de confiance en soi.
La pierre chrysoprase est riche de nombreuses vertus bonifiant la physiologie de son porteur. Elle agit en premier lieu sur le système sanguin en régulant sa pression circulatoire ; elle stimule même la tonification du muscle qu’est le cœur. En outre, elle renforce tous les mécanismes liés au relâchement d’hormones dans le sang, et chasse les substances nocives qui y circulent.
On peut également citer le fait qu’elle influe positivement sur le fonctionnement du foie ou qu’elle joue contre la stérilité. Mais son atout principal réside en sa capacité à apaiser son porteur. Cette gemme favorise la concentration et la relaxation en huilant les rouages de la circulation sanguine, et donc en réduisant les angoisses. C’est d’ailleurs pour cette vertu de quiétude qu’elle est recommandée pour les accouchements, si complexes soient-ils. Elle est également bienvenue chez les personnes qui ont du mal à s’endormir : sa capacité à apaiser plonge son porteur dans un sommeil lourd et reposant.
