L’abbé René Just Haüy, cristallographe et minéralogiste de la fin du 18ème siècle et début du 19ème rédigea un traité de Minéralogie en 1801 dans lequel il rapportait la découverte des premiers fragments de pierre hypersthène dans le labrador, une petite province de l’extrême nord-est du Canada. Seul gisement connu est étudié pendant de nombreuses années, la pierre fut d’abord baptisée autrement et prit le nom de “labradorite hornblende” en référence à la région dans laquelle elle fut localisée et du nom générique des silicates la composant. Un autre minéraliste et géologue, l’allemand Abraham Gottlob Werner avait étudié ce minéral et lui avait donné l’autre nom de “paulite” en hommage à l’île Saint-Paul du Labrador. Les deux minéralogistes se contredisaient quant à l’origine de cette pierre. Alors que Werner l’associait à de l’amphibole, Haüy prouva qu’ils étaient en présence d’une nouvelle espèce de pierre et la dénomma telle qu’on l’appelle aujourd’hui : Hypersthène.
Dans les années qui suivirent, plusieurs autres gisements furent découverts notamment au Groenland et au Royaume-Uni.
Le mont Cayley, en Colombie Britannique, au Canada, surplombe les terres anciennes des premières civilisations amérindiennes du continent nord-américain. Un de ces peuples autochtones, les squamish, vouaient un culte à cette pierre qui présente une couleur noire profonde avec des inclusions opalines. D’après la légende, la couleur et la forme de la pierre hypersthène étaient dues à l’impact de la foudre sur les montagnes accidentées et sombres de la région. Foudre qui était provoquée par Thunderbird, le légendaire oiseau-tonnerre qui était une des pierres angulaires des croyances mystiques de ces peuplades amérindiennes. L’ensemble de ce territoire était nommé, en langue squamish, T’a k’ta kmu’yin tl’a in7in’a’xe7en. Ce langage était uniquement oral et retranscrit vers 1880 par de nombreux anthropologues. Cette désignation traduisait littéralement le “lieu d’atterrissage de l’Oiseau-tonnerre”, la créature mythique vénérée.
D’après les croyances, l’oiseau possédait de telles forces surnaturelles qu’il pouvait faire surgir, d’un seul battement d’ailes, des tempêtes gigantesques de tonnerre et d’éclairs.
Les montagnes environnantes possèdent une grande concentration de pierre hypersthène. Toutes ces légendes prennent leurs racines dans le passé géologique tumultueux de cette région de la Ceinture de garibaldi qui comprend le mont Cayley et qui connut des épisodes de fortes activités volcaniques. Constituées de roches magmatiques, tous les pierres de ces sommets sont chargées en fer et notamment la pierre hypersthène.
On retrouve désormais ce minéral dans toutes les parties du globe qui ont vécu des évènements géologiques similaires à l’instar des gisements situés au Japon, en Australie ou même en France et plus particulièrement à proximité des volcans d’Auvergne.