Le mica, du latin micare qui signifie « briller », est en fait le nom d’une famille de minéraux du groupe des silicates, appelée ainsi car elle est majoritairement composée de pierres scintillantes. Une autre signification possible de cette appellation est « miette », du latin mica, ce qui fait sens car ces minéraux ont la particularité de se déliter. Dans cette famille, c’est la muscovite qui est la plus commune. Le minéralogiste James Wight Dana a été le premier à la décrire et à détailler sa composition chimique, en 1850. Son nom provient de vitrum muscoviticum, « verre de Moscou » en latin, puisque ce minéral était alors utilisé à la place du verre en Russie, par exemple pour les vitres de fourneaux ou les lanternes dans les régions froides et désolées de Sibérie. Les hublots des navires de la Marine impériale russe arboraient même ce minéral particulier, fameux pour sa résistance bien supérieure à celle du verre et sa grande beauté.
Mais ce minéral, connu depuis la nuit des temps, n’a pas été utilisé que lors des heures glorieuses du pays des tsars. De nombreuses civilisations, comme les peuples précolombiens, s’en sont servis pour fabriquer des objets décoratifs mettant en valeur les propriétés réfléchissantes et scintillantes de la muscovite. Certains chamans prêtaient également à cette dernière des pouvoirs occultes. Les légendes racontent que quiconque contemplait son reflet dans l’une de ces pierres polies perdait immédiatement son énergie vitale et se retrouvait damné. Les Indiens d’Amérique du Nord ont perpétué ces croyances. Par exemple, les Hopewell, qui, selon les archéologues, ont peuplé le nord-est et le Midwest états-unien entre le deuxième siècle avant J.-C. et le cinquième siècle après J.-C., ont fabriqué de nombreux objets cosmétiques, dont la célèbre main Hopewell. Cette dernière, qui compte au nombre des plus beaux objets de l’artisanat d’art des Amériques, a été découverte au cours de fouilles gigantesques, au milieu de nombreuses autres sculptures. Elles étaient destinées à protéger ceux qui les portaient des mauvais esprits, dans la vie et dans la mort. C’est pourquoi les plus riches n’hésitaient pas à se faire enterrer avec de nombreuses figures taillées en muscovite, et plus généralement en pierre mica.
Il existe en effet de nombreux autres minéraux dans la famille des micas. Par exemple, on peut citer la paragonite, qui n’est qu’un dérivé de la muscovite, ou le lépidolite, qui tient son nom du latin lépis, qui signifie « écaille », à cause de sa structure en écailles. Ou encore le phlogopite, communément appelé micamagnésium, dont la couleur particulière, « semblable à la flamme », a émerveillé les Grecs lors du premier millénaire avant notre ère. Les micas sont aujourd’hui largement utilisés pour confectionner des équipements de pointe, comme des missiles, des fusées ou des satellites.