Monument mégalithique composé d’un ensemble en forme de cercle concentrique de pierres « debout », Stonehenge fût érigé de la période du Néolithique jusqu’à l’âge de bronze, entre -2800 et -1200. Le site se trouve dans le comté du Wiltshire, en Angleterre, et est classé depuis 1986 au patrimoine mondial de l’UNESCO. Son étymoligie, d’origine saxonne voire germanique, pourrait venir des termes henge-cliff, stanenge ou encore stanheng, signifiant respectivement « précipice », « pierre charnière », voire « pierre potence », les piliers et linteaux des trilithes du complexe rappelant aux visiteurs du Moyen-Âge le gibet ; d’autres sources mentionnent une traduction plus littérale du vieux germain, « pierres suspendues ».Sans que l’on connaisse avec certitude l’origine de son nom, Stonehenge attise les passions depuis des siècles. Etudié au cours du XXème siècle par une multitude d’archéologues britanniques comme William Gowland, William Hawley, Peter Newham ou encore Richard John Copland Atkinson, dont la description chronologique du site fait aujourd’hui référence, le complexe dispose aujourd’hui d’une description à la fois précise et alambiquée, les différentes études n’ayant pas été capables d’apporter de réponses claires ou même concordantes aux questions pouvant se poser sur cet impressionnant lieu.
L’histoire de ce monument étonnant remonte à -8000 ; avant même que ne débute la construction de Stonehenge, des groupes humains vivaient dans la plaine, comme en atteste la présence d’emplacements de poteaux datant de l’époque mésolithique dans ce qui devait devenir en 1966 une extension du parking du site. Vers -2800, une première construction est effectuée dans la plaine, composée d’une simple enceinte circulaire percée de deux entrées et marquée par un talus de 6 mètres de largeur pour 2 de hauteur, ainsi qu’un fossé. En 1978, Richard John Copland Atkinson et John G. Evans y font la découverte d’un squelette, vraisemblablement celui d’un archer si l’on en croit les flèches disposées autour de lui ainsi que les pointes présentes dans ses ossements, probablement la cause de la mort de l’homme. 56 cavités supplémentaires, les « trous d’Aubrey », se trouvent au centre de l’enclos, près des Station Stones (quatre blocs de grès répartis en un long rectangle et évoquant pour leurs constructeurs les équinoxes, les solstices ainsi que le lever et le coucher de la Lune), abritant 55 tombes à incinération établies au sein du cercle sur une période de 200 ans. En raison de la présence d’objets indiquant un certain rang social, comme une massue ou un encensoir, les archéologues s’accordent sur l’importance politique des personnes y étant enterrées, à l’état de santé préoccupant et qui auraient pu se rendre à Stonehenge dans le but des profiter des bienfaits thérapeutiques de la dolérite des collines de Preseli, utilisée pour l’érection des « pierres debout ». Copland Atkinson situe cette période vers -2100, date marquant à peu près la fin de Stonehenge I et de sa période néolithique.
Stonehenge II, de -2100 à -2000 environ, marque le chalcolithique et la construction pendant cette période de l’Avenue, structure longue de trois kilomètres et large de 23 mètres, composée de deux fossés parallèles et de talus établis à l’intérieur. Cette probable voie processionnelle servait alors sûrement à acheminer les roches formant le double cercle de « pierres bleues » depuis le fleuve Avon. Ces pierres, insérées dans six cavités aujourd’hui disparues constituant un cromlech, complètent l’ensemble sous la forme de 82 menhirs, encore présents en grande partie sur le site. Elles sont composées de dolérite, renommée pierre Stonehenge en l’honneur du lieu. Ces roches magmatiques holocristallines bleu verdâtre viennent toutes des collines de Preseli situées à 250 kilomètres de là et furent probablement acheminées jusqu’à Stonehenge par voie maritime ou fluviale. Réutilisées par les descendants des constructeurs de la phase II, la plupart de ces pierres sont des dolérites tachetées pouvant présenter des points blancs ou rose. Certaines d’entre elles sont cependant des dolérites non tachetées, et d’autres pierres composant les menhirs sont carrément des minéraux différents comme la rhyolite bleue, la rhyolite sphérulitique voire même des cendres volcaniques verts olive ou calcaires.
L’avènement complet de l’âge du bronze en Grande-Bretagne marque cependant l’arrêt du phénomène mégalithique et le début de Stonehenge III, qui s’étendra de -2000 à -1200 ; l’ensemble des rocs composant le double cercle de pierres bleues est démantelé pour y installer à la place un complexe de 75 monolithes issus de carrières de grès naturel situées à 40 kilomètres du site et très probablement acheminés via un système de cordes et rouleaux de bois tirés par des ouvriers de l’époque. Ces 75 monolithes furent agencés en trilithes, portiques composés de trois monolithes et pour certains gravés de dessins de haches et de poignards, et trente d’entre eux furent disposées de manière à former le grand cercle de sarsen, imposant cromlech situé au centre du site. Plus tard, les pierres bleues sont récupérées et érigées de nouveau et à plusieurs reprises (pour passer d’une forme ovale à celle d’un fer à cheval), toujours à l’intérieur du cercle le plus étendu, de même que la mal-nommée Slaughter Stone et l’Altar Stone, pierre soi-disant sacrificielle pour l’une et autel pour l’autre. L’ultime modification du site remonte à -1100 et consiste au dépôt d’ossements de cervidés ainsi que ceux d’un adolescent ; il ne sera dès lors plus retouché jusqu’aux premiers siècles après Jésus-Christ, date à laquelle il est détruit par les Romains.
Sans que l’on connaisse avec certitude l’utilité de ce complexe, il est étudié avec ferveur depuis plus de deux millénaires ; ainsi, Diodore de Sicile le décrit comme une vaste enceinte consacrée à Apollon avec en son sein un temple de forme ronde. Plus tard, les Britanniques du Moyen-Âge, ne sachant comment expliquer la présence d’un tel site en Angleterre, attribuent sa construction à l’œuvre de géants ou de démons. A partir du XVIIème siècle, de nombreux érudits anglo-saxons comme des architectes, des écrivains, des archéologues ou encore des scientifiques s’intéressent à Stonehenge. Pour la première fois, Inigo Jones, architecte favori de Charles Ier, trace les contours du site avec une précision remarquable dès 1621, suivi par John Aubrey 5 ans plus tard, et William Stukeley, pionnier de la recherche archéologique sur le site de Stonehenge, publie en 1740 Stonehenge, A Temple Restor’d to the British Druids, ouvrage attribuant des fonctions druidiques au site. Cette interprétation aujourd’hui présente dans l’esprit de nombreux Britanniques n’a cependant que peu de valeur scientifique et semble en décalage avec la réalité. Les savants tentant d’élucider le mystère du site sont au fil des décennies de plus en plus nombreux, mais ne font que confirmer ou infirmer les théories de leurs prédécesseurs sans réel fondement. Au XXème siècle, des archéologues sans scrupule fouillent grossièrement le site, faisant disparaître à jamais des éléments uniques du site ; cependant, sur cette même période, des découvertes intéressantes sont faites, notamment concernant l’acoustique du site très particulière due aux roches de dolérites, aux propriétés acoustiques spécifiques qui valent en 1880 à Stonehenge le titre de « temple des vents » pour l’auteur Thomas Hardy. C’est vers le début du XXIème siècle qu’on parvient enfin à dater avec précision l’apparition de chaque élément du site, sans toutefois lever le voile sur le mystère de Stonehenge.
Le nom de la dolérite lui vient du grec doleros, ce qui signifie « trompeur » en raison de sa ressemblance avec la diorite. Cette pierre Stonehenge, comme elle est quelquefois appelée aujourd’hui, est une roche volcanique naturelle de basalte solidifiée et métamorphosée au fil des conditions météorologiques, de la pression atmosphérique ou encore de l’évolution de sa composition chimique ; elle est issue d’une éruption dense et massive. Utilisée dès le néolithique pour la fabrication d’armes comme des haches, des pointes de flèches ou des lames, elle était également reconnue pour ses bienfaits « magiques » et thérapeutiques. Mais son usage le plus célèbre reste bien sûr la construction de Stonehenge et les menhirs de dolérite disposés en cercle au sein du complexe mégalithique ; certains d’entre eux furent d’ailleurs brisés, et des morceaux emportés par des voyageurs pour servir de talisman. La plupart des gisements de ce minéral sont situés en Angleterre, au Pays de Galle, en Amérique du Nord ou en Tasmanie, mais aussi et surtout en Bretagne, notamment le site de Quelfennec près de Plussulien, un des principaux lieux de fabrication de haches polies du Néolithique qui s’exportèrent dans tout l’Ouest de la France.
La dolérite est la pierre de l’ancrage ; elle offre un équilibre, calme ou dynamique selon les besoins, grâce à sa connexion directe à la Terre et à son magma, mais aussi à l’Univers entier. De plus, elle est, telle une « clé des rêves », capable de nous rappeler nos songes nocturnes et nous permet aussi de les comprendre ; ses pouvoirs spirituels sont tels qu’elle aide même à voyager dans l’astral.
Déjà il y a plusieurs millénaires, les Anglo-Saxons se rendaient à Stonehenge afin de profiter des bienfaits thérapeutiques de la dolérite. Elle est notamment reconnue pour ses vertus de soutien naturel à la gorge, ce qui facilite voire débloque dans les cas les plus extrêmes la communication verbale, peut-être une conséquence directe de ses propriétés acoustiques uniques.