Symbole de prospérité et de longévité, la pierre agate est très anciennement connue. Les noms pour la désigner sont si nombreux qu’il est impossible de tous les répertorier. Il faut dire que les peuples l’extraient et la travaillent depuis des millénaires. Le terme générique recouvre des variétés qui se distinguent les unes des autres, tout en appartenant au même type.
Les bandes courbes caractéristiques de l’agate se forment au contact de l’eau souterraine. Rien d’étonnant alors que l’on tienne son nom pour un dérivé de celui d’un cours d’eau éponyme : l’Achate. Aujourd’hui appelé Dirillo, cette rivière sicilienne porta d’abord un nom grec. C’est le philosophe Théophraste qui aurait nommé la pierre, présente en grande quantité dans ces cavités souterraines. Une seconde étymologie avance une origine arabe. Le mot signifierait alors les cheveux emmêlés d’un nourrisson, auxquels ressemblent les cercles concentriques de la pierre. Mais que ce soient les Grecs ou les Arabes qui lui donnèrent son mon, ils ne la découvrirent pas pour autant. Elle était déjà en usage chez de nombreux peuples qui louaient sa beauté et ses vertus.
L’agate est abondamment citée dans diverses sources, et nous avons des témoignages de la valeur qui lui fut accordée dès le Néolithique, l’âge de la pierre polie. Dans les nécropoles sumériennes il subsiste de magnifiques bijoux et des sceaux-cylindres sculptés par les artisans joaillers qui la travaillèrent avec la nacre, la cornaline ou l’or. Le trésor de la reine Puabi ou la coupe Farnèse en sont deux exemples remarquables. On attribue à Mithridate une collection de coupes en pierres d’agates de plusieurs milliers de pièces. Pline l’Ancien fait référence à une agate polie dont les bandes figuraient le dieu Apollon à la lyre, accompagnées de ses muses. Ce qui est certain, c’est que Grecs et Romains exploitèrent les gisements et en firent commerce. Les camées et les vases conservés l’attestent encore aujourd’hui.
Fréquemment associée aux dieux et aux déesses, elle a longtemps été présumée favorable aux récoltes et symbole de longévité. C’est le cas chez les Grecs et les Romains qu’elle fascinait. Les Celtes, en revanche, la relie à la reine des sorcières, Ceridwen, déesse de la mort et de la fertilité. Les Chinois en faisaient aussi grand cas, et on peut encore admirer des pièces monumentales ou des joyaux de délicatesses finement ciselés, vieux de plusieurs siècles. Tour à tour brûlée ou réduite en poudre pour ses vertus protectrices, transformée en vase, en bijou, ou montée en boite précieuse, la pierre d’agate a toujours bénéficié d’un engouement constant.
La pierre agate se forme dans les régions volcaniques, dans des roches pauvres en silice. C’est le type le plus varié de la calcédoine. Ses bandes colorées identifient clairement cette variété microcristalline du quartz. Dans un premier temps, on ne distingue pas la beauté de la pierre à l’extraction. Ses couches concentriques, circulaires ou ovales, sont disposées en bandes colorées. Il faut la découper en tranches pour en révéler le motif, et la polir pour en faire ressortir toute la beauté.
L’alternance de ses bandes est la conséquence d’une cristallisation rythmique. Chaque couche a sa propre épaisseur. Il arrive que la gangue ne remplisse pas la totalité de la cavité dans laquelle elle se forme. Il apparaît alors des inclusions de cristaux de tailles et de formes variables.
On l’extrait du Brésil à Madagascar. Ses cristaux sont si fins et ses couleurs si brillantes qu’elle est partout recherchée. Ceci d’autant plus que c’est un minéral commun et largement réparti sur le globe. Résistante à l’abrasion, c’est un matériau parfait pour des mortiers ou des billes de roulement, une fois finement polie. Ce qui explique son exploitation continue. C’est l’alliance de ces qualités ornementales et des vertus physiques et psychologiques qui retiennent l’attention des minéralogistes comme des thérapeutes.
Extraites dans différentes régions du monde, c’est en Allemagne qu’elles sont produites de façon industrielle jusqu’au XIXe siècle. En Rhénanie-Palatinat, les petites villes d’Idar et d’Oberstein sont les principales pourvoyeuses d’agate. Outre la présence de carrières dans toute la région, elles bénéficient des chutes d’eau nécessaires pour la taille. Réputées pour l’intensité de leurs couleurs, elles s’exportent dans le monde entier. Les mines environnantes sont aujourd’hui épuisées, mais la commercialisation de gemmes reste la principale activité économique de la région, grâce à l’importation. Les musées minéralogiques de semi-précieuses présentent des pièces remarquables d’agates brutes ou d’exemplaires de joaillerie.
La production de pierre d’agate est actuellement répartie sur tous les continents. Que ce soit à Madagascar, dans le Caucase ou dans le Queensland, en Chine ou en Inde, les gisements sont innombrables. De l’autre côté de l’Atlantique, les principales carrières sont dans le Wyoming et le Montana, et au Québec. Mais ce sont surtout les agates extraites en Amérique du Sud, en Uruguay et au Brésil, qui fournissent les plus gros volumes.
On sait que les Romains savaient déjà la teindre pour rehausser ses couleurs. La pierre agate du Brésil, le plus important fournisseur actuellement, est généralement assez terne au naturel. En revanche, ses gemmes rubanées font merveille dans la taille de petites pièces comme les camées. Pour pallier ce manque d’éclat, elle est donc souvent teinte et parfois dans des couleurs extrêmement vives, telles que bleu électrique, jaune citron ou rouge vif.
La pierre agate est une pierre à la fois d’équilibre et de chance. On dont on dit qu’elle est apaisante et permet de s’ancrer dans un psychisme solide. D’une part, elle calme les angoisses et repousse les peurs. D’autre part, elle insuffle du courage à celle ou à celui qui la porte et harmonise les contraires, le yin et le yang. Elle aide celui qui la possède à rééquilibrer ses énergies et le soutient dans ses recherches spirituelles. Dans une maison, elle concourt à rétablir une énergie globale positive.
En lithothérapie, on valorise aussi fréquemment ses capacités à susciter des perceptions extrasensorielles. Favorisant la clairvoyance, elle permet d’anticiper et de dévoiler, avant même qu’ils se produisent, des événements qui pourraient être néfastes. Elle prévient les chocs émotionnels et installe un environnement de confiance autour de la personne. Le sentiment de sécurité qu’elle procure permet d’entreprendre plus en confiance, et de se protéger des accès de colère sclérosants.
Louée pour ses qualités introspectives, la pierre agate est la pierre de l’autopsychanalyse. C’est sans doute dû à son aspect extérieur très commun, voire insignifiant, mais qui renferme des couleurs et une complexité merveilleuses. Il faut gagner l’intérieur pour en découvrir toute la richesse et la diversité. Comme chez les humains, il n’y a pas deux pierres semblables. On dit aussi qu’elle incite à la sincérité et à la découverte de soi. Dans les moments difficiles, elle aide à prendre du recul et à trouver un apaisement. C’est une pierre à porter sur soi dans les moments de méditation, ou simplement de contemplation. Les souvenirs qui surgissent sont mieux à même d’être maîtrisés et analysés. Elle permet de stabiliser l’aura et s’harmonise avec les chakras en fonction de ses couleurs.
Chaque agate est unique. Néanmoins, on dégage des vertus constantes associées à la pierre. Les maux de tête, tout particulièrement ceux concernant les régions oculaires, puisque la vue est un de ses organes de prédilection, sont grandement atténués. Pour s’en prémunir, on gagnera donc à en porter une sur soi en permanence.
En tant que pierre apaisante, on l’utilise pour soulager les morsures et les piqûres d’insectes. De même, les soucis dermiques irritants, tels que les démangeaisons, s’améliorent grâce à elle. En contact direct avec la peau, l’efficacité s’en trouve encore accrue. On note une amélioration de l’état de la peau, un teint plus lumineux.
L’énergie fortifiante qu’elle dégage est bénéfique à la sphère sexuelle. Elle remédie aux troubles érotiques, et facilite les relations dans le couple. Dans ce même ordre d’idée, elle agit sur les affections liées à l’utérus et à la prostate. Depuis l’Antiquité, c’est une pierre de fertilité qu’on retrouve dans toutes les cultures.
Enfin, l’agate a des vertus libératrices et revitalisantes. Il en résulte que les fluides circulent plus aisément et que les organes s’assainissent. Le corps se détend, les courbatures et les crampes s’estompent. Le corps et l’esprit avancent de conserve, l’un et l’autre allégés et disponibles.
